Login

“Nous avons opté pour les scions bio”

Producteurs de rosiers et de fruitiers en racines nues à Louresse-Rochemenier (49), Jean-Yves et Isabelle Forest ont converti une partie de leurs parcelles pour se lancer dans les plants fruitiers en agriculture biologique, certifiés par Écocert.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Isabelle et Jean-Yves Forest ont créé leur pépinière, il y a 27 ans, dans le Maine-et-Loire. L'entreprise s'est rapidement spécialisée dans les plants de rosiers en racines nues qu'elle commercialise (uniquement en gros) notamment pour les producteurs qui vendent du rosier en pot. Si les 350 cultivars de rosiers et la clientèle d'horticulteurs et de pépiniéristes représentent 50 % du chiffre d'affaires, l'autre moitié concerne des plants fruitiers en racines nues, également pour la finition ultérieure en pot. Au sein de la gamme des fruitiers, ils ont décidé de s'engager dans une démarche de plants certifiés. « Nous avons opté pour les scions bio », indiquent-ils.

Installés dans le bassin douessin (près de Doué-la-Fontaine) qui bénéficie d'un climat et de terrains favorables au développement des cultures, ils s'efforcent d'adapter chaque année leurs productions aux demandes de la clientèle et des marchés. Ainsi, depuis 2011, ils produisent des scions fruitiers AB (agriculture biologique), certifiés par Écocert. Une parcelle leur est dédiée : 5 000 plants en 2011, 8 000 en 2012 et 10 000 en 2013. « Nous pouvons proposer une offre plus développée, donner davantage de choix aux clients. Ces scions, mis en avant pour leur résistance naturelle, constituent déjà environ 10 % de notre chiffre d'affaires en fruitiers. Leur commercialisation a été lancée cette année, lors du Salon du végétal », explique Isabelle.

La démarche Écocert a pris deux années, le temps nécessaire notamment pour la reconversion des sols afin de respecter les critères de l'agriculture biologique. « Les contrôles sont très rigoureux. Ils ont lieu cinq à six fois par an », souligne Isabelle. « Mais le plus important, c'est d'utiliser des produits phytosanitaires agréés, même en cas de maladies », renchérit Jean-Yves. « Il a fallu chercher des insecticides. Nous devons pouvoir prouver nos achats de produits phytos à partir des factures. Nous travaillons avec une liste de produits agréés AB et nous sommes conseillés par notre fournisseur SCPA (Société civile des producteurs associés) du Puy-Notre-Dame (49). Je maîtrise plutôt bien les problèmes fongiques. En matière d'insecticides, par contre, il a fallu trouver des solutions efficaces, spécialement contre les pucerons sur les plants fruitiers. Nous avons choisi des substances à base d'écorce d'orange et des pyréthrinoïdes. »

Au début de cet été, Jean-Yves était inquiet face aux risques d'épidémie de pucerons. « C'est l'aspect le plus difficile à gérer. Heureusement, fin juin, j'ai pu constater que les coccinelles présentes localement s'étaient enfin installées naturellement et en forte quantité. Depuis notre reconversion, nous observons l'arrivée de plusieurs espèces comme les syrphes, les perce-oreilles, les chrysopes et les coccinelles. Pour les pommiers, nous pouvons laisser les pucerons attaquer 15 à 20 % du feuillage des plantes, mais pas plus, et moins de 10 % pour les cerisiers. Au-delà, c'est très délicat pour la mise en vente », affirme le pépiniériste. La protection biologique intégrée (PBI) va se mettre en place prochainement avec l'aide du Bureau horticole régional (BHR) d'Angers. Jean-Yves Forest développe également l'utilisation d'amendements à base d'algues, de bandes de jachères fleuries en bordure de parcelles, de matières végétales marines, de mycorhizes, d'activateurs de croissance... « Si cette option bio répond aux attentes du marché, nous sommes prêts à développer ce créneau de production », affirme le couple de pépiniéristes. Il reste toutefois une inconnue : « Il faut que la clientèle professionnelle s'habitue à trouver du bio sur le marché de gros des plants fruitiers. Les changements d'état d'esprit sont parfois longs... Et il est encore difficile de valoriser le surcoût (estimé à environ 25 %) à la production par rapport aux plants conventionnels. Chez nous, ce qui coûte le plus cher, c'est le désherbage manuel, effectué deux à trois fois par an. Nous avons une machine interceps, mais nous devons encore travailler sur la sensibilité des capteurs pour mieux l'adapter à nos jeunes plants. »

Poursuivant leur démarche raisonnée, Isabelle et Jean-Yves Forest ont rencontré les membres du BHR en vue d'obtenir la certification environnementale Plante Bleue.

Odile Maillard

La visite des pépinières est possible. Elle est exclusivement réservée aux professionnels à partir du 20 juillet et sur rendez-vous.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement